Le gouvernement mondial des catastrophes « naturelles »

Par Sandrine REVET
Comment citer cet article
Sandrine REVET, "Le gouvernement mondial des catastrophes « naturelles »", CERISCOPE Environnement, 2014, [en ligne], consulté le 10/10/2024, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/environnement/content/part3/le-gouvernement-mondial-des-catastrophes-naturelles

C’est trois semaines seulement après le tsunami de décembre 2004 que se tient la conférence mondiale sur la prévention des catastrophes à Hyogo au Japon, en janvier 2005. Deux thématiques animent en particulier les débats. La première est relativement consensuelle, il s’agit de l’émotion provoquée par le tsunami. Elle conduit à de nombreuses déclarations d’intention à propos de l’importance de la prévention. Mais une prévention qui est alors – à cause du type d’évènement – axée sur les systèmes d’alerte précoce et les moyens technologiques. L’Unesco, en charge depuis les années 1960 de la coordination de l’alerte tsunami dans le Pacifique obtient par exemple la gouvernance des systèmes d’alerte tsunami de plusieurs autres régions (Océan indien, Méditerranée, Caraïbe, Atlantique Nord…). La seconde thématique est plus conflictuelle, c’est celle du changement climatique. Lors des négociations pour la mise en place d’un cadre d’action commun visant à réduire les risques de catastrophes – le Cadre d’action de Hyogo –, les Etats-Unis s’opposent fermement à ce qu’une clause, soutenue par l’Union européenne et l’organisation des petits Etats insulaires en développement stipule le lien entre catastrophes « naturelles » et changement climatique. Des négociations permettront d’introduire la thématique avec une formulation (« existing climate variablity and future climate change ») permettant d’éviter le blocage (Hannigan 2012). C’est dans le CAH que la question du changement climatique est apparue formellement pour la première fois comme une préoccupation pour le monde de la RRC.

Le CAH 2005-2015 est adopté par cent soixante-huit Etats lors de cette conférence. Il s’organise autour de cinq priorités : 

1. Veiller à ce que la réduction des risques de catastrophe soit une priorité nationale et locale et à ce qu’il existe, pour mener à bien les activités correspondantes, un cadre institutionnel solide.

2. Mettre en évidence, évaluer et surveiller les risques de catastrophe et renforcer les systèmes d’alerte rapide.

3. Utiliser les connaissances, les innovations et l’éducation pour instaurer une culture de la sécurité et de la résilience à tous les niveaux.

4. Réduire les facteurs de risque sous-jacents.

5. Renforcer la préparation en prévision des catastrophes afin de pouvoir intervenir efficacement à tous les niveaux lorsqu’elles se produisent (Cadre d’action de Hyogo 2005).

Malgré l’importance prise par les considérations sociales, politiques et humaines par rapport aux débuts de la Décennie, quinze ans plus tôt, les acteurs impliqués dans la « prévention par le bas », et notamment les ONG regrettent que le CAH n’implique aucune contribution financière des bailleurs et des pays donateurs, ni aucune contrainte réelle pour les Etats signataires. C’est la quatrième priorité qui retient leur attention dans la mesure où elle s’intéresse aux facteurs – économiques, politiques, historiques, sociaux – qui contribuent à renforcer les risques et sur lesquels il est important d’agir.