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SommaireIntroductionEnvironnement et relations internationales - François Gemenne Sciences, les débatsGéopolitique ou gaïapolitique - Bruno Latour
Résumé
Quand, à des époques antérieures, avant l’Anthropocène, nous parlions de la Nature, nous en parlions en réalité, sereinement et sans y réfléchir, comme s’il existait un Etat de nature – un Etat avec un grand E, un Léviathan monstrueux, dont une moitié était faite de Politique, l’autre de Science. Qu’il ait été construit par l’intermédiaire d’un contrat social d’un genre très étrange et grâce à l’usage le plus surprenant de la science, nous le savons depuis la publication du Léviathan et la pompe à air, le chef d’œuvre de Simon Schaffer et Steve Shapin sur la controverse entre Boyle et Hobbes...
Résumé
L’élaboration de nouveaux types de dispositifs donnant à voir dans le même espace des changements environnementaux globaux et des changements sociaux situés constitue l’un des enjeux majeurs de notre siècle et de l’articulation entre environnement et relations internationales. Ce travail ne peut se faire sans un investissement des humanités, et les historiens peuvent y contribuer à leur manière, en racontant d’autres histoires susceptibles de rendre compte de la pluralité des temps mis en œuvre par les changements environnementaux et sociaux, et ainsi donner sens aux transformations profondes dans lesquelles nos sociétés sont engagées...
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ou les défis d’un mariage arrangé entre science et politique - Kari De Pryck
Résumé
Cet article propose une réflexion politique sur une organisation internationale très peu étudiée en relations internationales : le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Souvent reconnu pour son autorité scientifique, le GIEC est également une arène qui nourrit d’intenses débats politiques car il associe les gouvernements à ses décisions. Derrière des rapports très techniques à première vue, il fonde également les bases des négociations politiques sur le climat, en particulier par la rédaction et la diffusion de son Résumé à l’intention des décideurs (RID).
Réalité multiscalaire et articulations multiniveaux dans la gouvernance environnementale globale - Daniel Compagnon
Résumé
Chacun peut intuitivement sentir que les problèmes environnementaux se posent simultanément à différents niveaux : de celui du ruisseau pollué au bout de mon jardin à celui du « trou » dans la couche d’ozone au dessus de l’Antarctique ; du marais avoisinant sacrifié, avec sa flore et sa faune remarquables, à la construction d’une autoroute supplémentaire, jusqu’à la disparition accélérée de milliers d’espèces qualifiée de sixième extinction de la biodiversité, enjeu global s’il en est. Mais c’est aussi un problème national, les Etats ayant, de longue date, revendiqué la souveraineté sur leurs ressources naturelles (notamment dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique adoptée en 1992), et donc le droit d’en user librement. Les effets d’échelle sont consubstantiels à l’idée même d’un environnement naturel planétaire pensé comme une biosphère et ils ont un impact majeur sur la gouvernance globale de ces enjeux...
La Tragédie des communaux - Philippe Le Prestre
Résumé
Si, depuis les années 1980, de nombreux travaux ont montré que la tragédie des communaux n’était pas dominante au niveau local, pourvu que certaines règles de gestion collectives soient mises en place et respectées, c’est sans doute au niveau international que la surexploitation rationnelle des ressources que décrit ce modèle est la plus évidente et les solutions les plus élusives. Après avoir rappelé le modèle analytique initial dont le pouvoir heuristique demeure, cet article présente les avantages et les limites des solutions existantes afin de surmonter cette dynamique et souligne la place centrale du politique dans toute réflexion sur cette question
Comment gérer les inégalités de dotation en ressources naturellesLa fin du pétrole : mythe ou réalité ? - Philippe Copinschi
Résumé
Si pendant longtemps, l’état des réserves de pétrole n’a pas suscité de craintes particulières, la question de l’épuisement des ressources se pose de manière plus aiguë depuis quelques années, en raison notamment de la hausse rapide de la consommation dans les pays émergents. Les discours alarmistes se multiplient, annonçant une exacerbation des conflits entre grandes puissances pour l’appropriation des ressources dans un contexte de pénurie. Une analyse critique, tant de la réalité de l’épuisement des réserves que du fondement des discours géopolitiques qui l’accompagnent, est nécessaire. Car loin d’être un concept univoque, les réserves sont une notion dynamique, évoluant en fonction du prix du pétrole et des progrès technologiques – ce qui explique que les réserves ne cessent… d’augmenter. La polémique sur les réserves de pétrole masque en réalité un autre débat, bien plus important : celui du réchauffement climatique qui impose à nos sociétés de se détourner du pétrole et de développer des énergies alternatives.
Energie, climat et environnement : des enjeux au cœur de nouveaux paradigmes de développement - Mathilde Mathieu
Résumé
Changements climatiques, raréfaction des ressources ou problèmes environnementaux locaux, les modèles de développement actuels connaissent aujourd’hui des limites. Pour répondre aux enjeux que posent ces problèmes environnementaux locaux et globaux, nos sociétés doivent engager de profonds changements dans tous les secteurs et se préparer à des transformations majeures de leur mode de vie. Il s’agit en effet de changer de paradigme, d’amorcer une transition vers un nouveau modèle de développement. Or ces changements nécessitent une réelle volonté politique pour concevoir les politiques publiques qui actionneront les bons leviers de la transition. Une volonté politique qui se heurte à des difficultés de mise en œuvre.
Eau, conflits et coopération - Katarina Csefalvayova
Résumé
A ce jour, si aucun conflit armé n’a eu pour cause principale le partage de l’eau, nombreux sont les bassins fluviaux où le partage transfrontalier des ressources hydriques constitue soit l’une des raisons de l’éclatement d’un conflit armé, soit une cause de tensions susceptible de déboucher sur un conflit armé. Il en va ainsi dans les bassins du Mékong, de l’Euphrate et du Tigre ou encore de l’Amou-Daria et du Syr-Daria. Dans le cadre de cet article, nous allons aborder plus spécifiquement les cas des bassins du Jourdain et du Nil.
Agriculture : comment se nourrira un monde réchauffé ? - Sébastien Treyer
Résumé
La sécurité alimentaire a été replacée très haut sur l’agenda international depuis les crises alimentaires de 2008. Les systèmes agricoles seront-ils en mesure de répondre à l’augmentation de la demande alimentaire, dans un monde aux ressources limitées soumis au changement climatique ? Cette question est au cœur de controverses très actives entre modèles techniques et politiques contrastés pour la prochaine modernisation agricole. Le pari stratégique sur la forme la plus pertinente de transformation du secteur alimentaire s’instruit de manière très spécifique dans chaque grande région du monde, et il importe de mettre en place les conditions d’un processus d’apprentissage global entre ces différentes expérimentations nationales ou régionales. Comment laisser aux Etats la capacité de décider de la trajectoire de transformation la plus adaptée, dans un contexte d’inévitable accroissement des échanges commerciaux agricoles entre grandes régions ?
Répondre au défi de la déforestation tropicale - Romain Pirard
Résumé
Près de treize millions d’hectares de forêts tropicales disparaissent chaque année. Ce phénomène a de multiples causes, parmi lesquelles la plus sérieuse est l’expansion agricole. De nombreux instruments dits « de marché » ont été élaborés pour y remédier, notamment dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, car les forêts ont la caractéristique de stocker du carbone. Parmi ceux-ci, le mécanisme REDD+ domine les débats, même s’il met du temps à se mettre en place. Mais peuvent-ils vraiment rivaliser avec les profits attendus de l’agriculture ou avec la hausse continue de la demande alimentaire ? Innovent-ils réellement ? Dans quelle mesure font-ils appel aux marchés ? Sont-ils conçus de manière à déjouer les ressorts de l’économie politique ? S’appuyant sur une solide expérience de terrain, l’auteur mène une réflexion sur les pistes à privilégier pour des mécanismes souvent transfrontaliers dans leur principe et confrontés à des enjeux de relations internationales.
Délimiter les biens communs planétaires. Une analyse historique de la spatialité et de la territorialité des océans, des fonds marins et de l’Antarctique - Géraldine Pflieger
Résumé
L’objet de cet article est de discuter de la territorialité et de la spatialité des biens communs planétaires : comment leur spatialité a-t-elle été définie au plan légal, politique et scientifique ? Quels acteurs prennent part à ce processus de définition de la spatialité ou en sont exclus ? Dans quelle mesure la délimitation des périmètres et des arènes de gouvernance des biens communs fait-elle toujours l’objet de controverses ?
Une gouvernance, des gouvernances ?Les négociations climatiques : vingt ans d’aveuglement ? - Stefan Aykut - Amy Dahan
Résumé
Le régime climatique est, parmi les régimes internationaux qui concernent l’environnement, unique à la fois par son importance, le nombre de partenaires impliqués, le rôle de l’accompagnement scientifique, les moyens déployés, la régularité des conférences onusiennes consacrées et l’ampleur de ces rendez-vous planétaires. La déception après l’échec de la conférence de Copenhague en 2009 fut à la hauteur des attentes suscitées. Il y a eu différentes tentatives d’expliquer cet échec. A la différence de ces analyses, qui gardent leur pertinence, mais adoptent un regard plutôt « internaliste » du régime climatique, nous allons montrer en quoi l’impasse actuelle des négociations reflète un schisme plus large entre une réalité de l'extérieur, celle de la globalisation des marchés, de l’exploitation effrénée des ressources d’énergies fossiles et des Etats pris dans une concurrence économique féroce, et de l’autre, une sphère des négociations et de la gouvernance qui véhicule l’imaginaire d’un « grand régulateur central » apte à définir et distribuer des droits d’émissions mais de moins en moins en prise avec la réalité extérieure. A travers les principales étapes de l’histoire des négociations – signature de l’UNFCCC, Protocole de Kyoto, non-ratification des États-Unis, montée des émergents, échec de Copenhague et préparations pour Paris 2015 –, nous suivrons l’évolution d’un cadrage qui agrandit le schisme au lieu de le réduire. L’histoire du régime climatique est aussi celle d’un décalage entre temporalités : la lenteur des négociations contraste avec des accélérations dans le monde réel – globalisation économique, gaz de schiste aux États-Unis, ascension des émergents, mais aussi essor des renouvelables dans plusieurs pays – insuffisamment reflétés dans les négociations.
Le gouvernement mondial des catastrophes « naturelles » - Sandrine Revet
Résumé
Depuis la fin des années 1980, une tentative de gouvernement international des catastrophes dites « naturelles » a progressivement vu le jour. Celui-ci prétend coordonner à l’échelle internationale des actions relevant à la fois de la prévention des risques et de la gestion de crise. L’article propose de décrire ce processus en en retraçant les grandes étapes, depuis la Décennie internationale pour la prévention des catastrophes naturelles de l’ONU (1990-1999) jusqu’aux négociations ayant mené au Cadre d’action de Hyogo (CAH, 2005-2015). Il mettra en lumière les grandes tensions qui ont animé ce processus et qui révèlent les différentes approches adoptées face aux catastrophes naturelles : mettre en place des politiques de prévention qui misent sur la transformation en profondeur des choix de développement ou insister sur les capacités technologiques de prévision, de communication de l’alerte et de gestion des crises provoquées par les catastrophes lorsqu’elles surviennent ? Nous nous intéresserons enfin aux enjeux qui seront soulevés en 2015 par les négociations du prochain cadre d’action international CAH2 lors de la conférence mondiale qui se tiendra à Sendaï au Japon.
Défi pour la démocratie et changements environnementaux globaux - Dominique Bourg
Résumé
Les difficultés que connaissent les démocraties représentatives occidentales sont tout aussi sévères que multiples. Le mouvement de néolibéralisation du monde qui a consisté à concevoir les Etats comme de simples agents économiques a puissamment contribué à éroder la confiance des citoyens en leurs institutions nationales et territoriales. Et pourtant cet amoncellement de difficultés et de crises n’a pas affaibli l’idéal démocratique...
Les régimes internationaux de l’environnement - Jean-Frédéric Morin
Résumé
Le concept de « régime international » est utilisé dans tous les domaines des relations internationales. C’est néanmoins en politique internationale de l’environnement qu’il connaît le plus d’écho et qu’il semble le plus fécond. Il permet de rendre compte à la fois de la prolifération exceptionnelle du nombre d’accords multilatéraux sur l’environnement et de l’absence d’organisation multilatérale qui chapeauterait tous ces accords. Cet article passe en revue les débats sur la signification, l’émergence, le développement et l’efficacité des régimes environnementaux internationaux.
Les lobbies environnementaux : intérêts d’une approche pluraliste - Amandine Orsini
Résumé
Inspirée du courant transnationaliste, l’approche pluraliste est la théorie des relations internationales la plus à même de rendre compte de la spécificité des lobbies environnementaux, c’est-à-dire les lobbies impliqués dans la politique internationale de l’environnement. Après une brève présentation des différentes catégories de lobbies (ONG, firmes, experts, etc.), nous expliquerons les postulats d’une approche pluraliste qui permettent notamment d’envisager les enjeux actuels de la participation des lobbies à la politique internationale de l’environnement.
Résumé
L’objet de cet essai est de proposer non certes des solutions pratiques immédiates au problème contemporain de la crise écologique, mais d’élaborer une réflexion théorique par où l’on apercevra l’insuffisance du principe de souveraineté. Au fondement de l’Etat, la souveraineté est gardienne du particularisme des Etats alors qu’une politique universaliste seule (mondiale ou régionale) s’impose face au désordre environnemental. Ainsi, en contrepartie, l’ouvrage dessine le passage d’une politique des hommes, particulariste et égoïste, sans doute au fondement de la crise, à une géopolitique de la nature...
Gouvernance environnementale régionale - Jon Marco Church
Résumé
Cette contribution vise à présenter de manière synthétique et systématique l’état de l’art dans le domaine de la gouvernance environnementale régionale, un aspect de la gouvernance environnementale peu connu mais central. Les questions écologiques sont en fait souvent territorialisées avec des dynamiques spécifiques aux différents écosystèmes. Dans une première partie, nous introduisons les distinctions nécessaires à la compréhension des processus environnementaux régionaux nombreux et variés à l’œuvre dans différentes parties du monde. La deuxième partie porte sur les différentes approches qui ont été mobilisées pour étudier la gouvernance environnementale régionale. Enfin, une troisième et dernière partie est consacrée aux principaux défis qui se posent aux acteurs de la gouvernance environnementale régionale, tels qu’identifiés dans la littérature scientifique et dans la pratique. Ils tiennent surtout au ralentissement du développement de la gouvernance environnementale multilatérale et à la nécessité d’une meilleure définition de la gouvernance environnementale régionale, raison pour laquelle nous préférons parler de gouvernance des écosystèmes.
Des instruments pour les relations internationales de l’environnementAccès à l’énergie et consommateurs vulnérables : les enjeux de la précarité énergétique en Europe - François Bafoil et Rachel Guyet
Résumé
La première partie de cet article porte sur les causes et les conséquences des difficultés d’accès à l’énergie pour les consommateurs en Europe. La deuxième partie examine la portée des tentatives de l’Union Européenne visant à développer une définition commune du consommateur vulnérable qui reste limitée. En effet, la question de l’accès à l’énergie pour tous se situe au croisement des politiques sociales et des politiques énergétiques, qui toutes deux relèvent des compétences nationales des Etats. Aussi, comme la troisième partie le développe, l’on aboutit à des constructions nationales variables autant en matière de définition, que d’identification des population-cibles. C’est la raison pour laquelle les politiques publiques ne permettent pas de garantir les services énergétiques à tous les citoyens. Si la Grande Bretagne a été pionnière en la matière, elle ne parvient toutefois pas à réussir le plan d’éradication de lutte contre la pauvreté énergétique ; la France empile les lois et règlements tout en laissant à son opérateur principal – EDF – la tâche d’y remédier ; l’Allemagne ne considère pas qu’il faille lui consacrer une politique particulière, jugeant son système social largement suffisant. Enfin, au sein des nouveaux membres de l’Union, à l’Est, ni les qualifications ni les politiques publiques ne sont mises au point, en dépit d’une vaste pauvreté énergétique.
Instrument de marché et biodiversité - Marie Hrabanski
Résumé
Depuis le début des années 1990, l’approche par les instruments de marché (market-based instruments, MBI) connaît un engouement important dans les arènes internationales de l’environnement. Dans le secteur de la biodiversité, cet intérêt a été plus tardif. Ce n’est qu’à la fin des années 1990 que la rhétorique en faveur des instruments de marché de la biodiversité va réellement émerger grâce notamment aux premiers paiements pour services environnementaux. Puis, en 2005, la mise en politique de la notion de service écosystémique via les travaux de l’Evaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millennium ecosystem assessment) va ouvrir la voie à l’évaluation économique, voire monétaire, des services rendus par les écosystèmes et légitimer plus largement l’usage des instruments de marché de la biodiversité. Dès lors, les MBI sont mis en avant par de nombreux acteurs de la biodiversité (organisations internationales, gouvernements nationaux, grandes ONG de conservation, secteur privé, etc.), et font également l’objet de controverses.
Résumé
Depuis les années 1980, la question de la dégradation de l’environnement planétaire et des potentiels effets négatifs d’une recherche de croissance industrielle fondée sur la compétitivité et l’exploitation intensive des ressources est sortie des bureaux du Massachusetts Institute of Technology (MIT) où l’on en discutait depuis les années 1970, pour finalement atteindre les sphères gouvernementales autres que celles discutant de l’industrie et de l’environnement, et en particulier celles de la défense et de la géostratégie
Entre sécurisation de l’environnement et environnementalisation de la sécurité : le défi de la sécurité environnementale à l’ONU - Lucile Maertens
Résumé
Le deuxième volume du cinquième rapport du GIEC consacre, pour la première fois, un chapitre intégral à la sécurité humaine. Cependant, dans les études stratégiques, la définition traditionnelle de la sécurité n’a trait qu’aux menaces militaires. L’environnement conteste donc cette définition classique que l’on peut retrouver dans la charte des Nations unies, l’institution en charge de la gestion de la sécurité internationale. Pourtant, l’ONU a manifesté son intérêt pour l’environnement et les questions de sécurité depuis plusieurs années. Grâce à une enquête qualitative, cet article vise à mettre en évidence la trajectoire du concept de sécurité environnementale au sein de l’organisation, montrant plus précisément comment les champs de la sécurité internationale et des politiques environnementales se rencontrent à l’ONU à travers les processus de sécurisation de l’environnement d’une part, et celui d’« environnementalisation » de la sécurité, d’autre part.
Résumé
Depuis la montée des préoccupations environnementales au début des années 1970, relatives notamment à la gestion des territoires et des ressources naturelles, et plus récemment aux impacts du changement climatique sur les sociétés humaines, l’environnement n’a cessé de faire l’objet de nombreux débats politiques et scientifiques. Les questions environnementales ont ainsi engendré des réseaux d’influence et des interactions entre acteurs de nature et d’échelles différentes, porteurs d’intérêts divergents et parfois même contradictoires. Combinée à l’extrême technicité des questions en jeu, cette multiplicité d’échelles et d’acteurs tend à brouiller les cartes des débats environnementaux. Le changement climatique, la protection de la biodiversité ou la désertification constituent autant d’exemples pour lesquels l’identification des causes et des solutions présente une grande complexité scientifique et technique...
Enjeux transnationauxCoopération autour de bassins transfrontaliers - Leonardo Orlando
Prochainement
L’Anthropocène et ses victimes. Une réflexion terminologique - Francois Gemenne
Résumé
De nombreux géologues estiment que nous sommes entrés dans une nouvelle époque géologique : l’Anthropocène. Selon eux, cette époque se caractérise par l’impact majeur de l’homme sur le système terrestre, y compris climatique : les humains sont devenus la principale force de changement de la planète, surpassant les forces géophysiques. En d’autres termes, l’Anthropocène peut être décrit comme l’âge des humains. Dans son acception traditionnelle, l’Anthropocène marque une rupture dans la relation qui unit les hommes à la Terre, qui oblige à penser une nouvelle géopolitique – les politiques de la Terre . En ce sens, cette nouvelle ère géologique a largement dépassé le champ de la géologie pour entrer dans celui des sciences sociales...
La géopolitique de l’Arctique : sous le signe de la coopération - Frédéric Lasserre
Résumé
La fonte rapide de la banquise dans l’Arctique en été laisse entrevoir la possibilité de sa disparition estivale d’ici quinze à soixante ans, et de l’ouverture de passages maritimes relativement libres de glace sur des périodes de plusieurs mois. Les glaces fondent de plus en plus tôt, se reforment de plus en plus tard, prolongeant la saison relativement navigable pour tous les navires de deux mois et demi à désormais trois à cinq mois. Cette fonte ranime ainsi l’intérêt pour les mythiques passages du Nord-Est (au nord de la Sibérie) et du Nord-Ouest (à travers l’archipel arctique canadien), routes maritimes entre l’Europe et l’Asie plus courtes de plus de 7 000 km que par les canaux de Panama ou Suez. Ces perspectives de mers arctiques libres de glace sur de plus longues périodes relancent aussi les projets d’exploration minière et d’hydrocarbures, tant du côté russe que du côté canadien, avec des perspectives intéressantes en matière de pétrole, de gaz, d’or, de diamants et de nickel
La défense face aux défis du dérèglement climatique - Bastien Alex
Résumé
Dans un rapport rédigé il y a plus de dix ans, le Pentagone établissait un lien entre sécurité et changement climatique. Depuis lors, l’étude du potentiel crisogène du phénomène s’est approfondie. Du fait de sa propension à renforcer le pouvoir de nuisance des aléas naturels et à, indirectement, produire de nouveaux risques, il est désormais considéré comme un « multiplicateur de menace » (Center for Naval Analyses 2007). Le changement climatique est ainsi un enjeu de premier plan pour les acteurs de la défense, institutionnels, militaires et industriels, et soulève plusieurs problématiques. Dans un premier temps se pose évidemment la question des risques et menaces sécuritaires découlant des manifestations des changements climatiques (modification du régime des précipitations, hausse du niveau des mers et océans, multiplication des phénomènes climatiques exceptionnels) et l’étude de leur propension à générer de l’insécurité. Dans un deuxième temps se pose celle des réponses à y apporter en matière doctrinale (réflexion stratégique), opérationnelle (gestion de crise) mais aussi en termes capacitaires (impacts sur l’outil militaire). Enfin, il convient d’étudier dans un troisième temps, et c’est là un paradoxe, les conséquences sur la sécurité internationale des politiques et stratégies d’adaptation qui seront développées par les Etats ou d’autres acteurs pour faire face aux défis posés par le dérèglement climatique.
Prévoir l’imprévu - Jean-Paul Vanderlinden
Résumé
Prévoir l’imprévu, entrevoir l’imprévisible, rendre plausible le non-probabilisable, ces expressions apparemment oxymoriques sont au cœur des questions où enjeux environnementaux et relations internationales se rencontrent. L’objectif de cette contribution est d’aborder les fondements théoriques de la scénarisation prospective, d’en présenter les objectifs et approches principales, avant de conclure en soulevant quelques éléments des débats associés à cette pratique à présent bien établie.
Postface - Brice Lalonde
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Le Ceriscope est une publication scientifique du Centre de recherches internationales (CERI) réalisée en partenariat avec l'Atelier de cartographie de Sciences Po L'enjeu mondialReligion et politique La collection Ceriscopes s’est achevée. Retrouvez-nous sur le site de L’Enjeu mondial, la nouvelle publication annuelle du CERI. Mots-clés du CERISCOPE EnvironnementCERISCOPESceriscope
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