Sandrine REVET,
"Le gouvernement mondial des catastrophes « naturelles »",
, 2014, [en ligne], consulté le
15/10/2024, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/environnement/content/part3/le-gouvernement-mondial-des-catastrophes-naturelles
La Décennie va favoriser un certain nombre d’initiatives internationales ou régionales qui se concrétisent durant la seconde moitié des années 1990 et favorisent les rencontres, les circulations, les réunions de divers chercheurs et acteurs impliqués dans la prévention des catastrophes. Pour certains réseaux, la Décennie est une aubaine qui va permettre de faire connaître leurs travaux et leur analyse des risques et des catastrophes. Des figures émergent dans certaines régions au Sud, en Amérique latine, en Afrique du Sud ou en Asie, qui portent une autre vision des catastrophes que celle qui prévalait au moment de la proclamation de la Décennie. Ces figures, souvent des chercheurs en sciences sociales spécialisés sur les pays en développement, fortement impliqués dans des programmes appliqués et dont les réseaux s’étendent au monde des ONG et du développement tout comme à celui des politiques publiques, parviennent à imposer un nouveau cadrage dans les arènes internationales (Cabane et Revet 2015). Celui-ci consiste à faire le lien entre vulnérabilité aux catastrophes « naturelles », pauvreté et développement dans un premier temps, puis à faire émerger des savoirs et des connaissances locales susceptibles d’être appuyés pour réduire les risques. Cette approche qui consiste en une forme de « prévention par le bas » s’impose dans les discours des arènes internationales et aboutit à l’idée de RRC, dont le périmètre dépasse de loin la seule prévention. Les ONG, relativement peu présentes dans les arènes internationales au début de la Décennie, se forgent dans le courant des années 1990 une place de plus en plus grande, en parallèle de leur rôle croissant dans le monde du développement.