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La faiblesse des mouvements de lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne. De la prévalence du plaidoyer sur l’action militante globalePar Mahaman TIDJANI ALOU
Comment citer cet articleMahaman TIDJANI ALOU, "La faiblesse des mouvements de lutte contre la pauvreté en Afrique sub-saharienne. De la prévalence du plaidoyer sur l’action militante globale", CERISCOPE Pauvreté, 2012, [en ligne], consulté le 11/12/2024, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part3/la-faiblesse-des-mouvements-de-revendication-contre-la-pauvrete-en-afrique-sub-sahariennePlan de l'article:
- les syndicats constituent probablement un terrain de prédilection des revendications quand ils défendent les conditions des travailleurs d'un secteur spécifique en exigeant l’augmentation des salaires des membres ou encore l’amélioration de leur cadre de travail ou de leur santé. - les associations produisent des actions qui les apparentent à des organisations de plaidoyer ou, pour le dire autrement, elles revendiquent l’usage du plaidoyer qu’elles développent (médias, séminaires, conférences publiques, etc.) pour expliquer et faire prévaloir leurs buts. Les associations qui dénoncent la pauvreté des femmes constituent une bonne illustration de ce type de démarche où elles ont surtout affaire à des propositions d’actions auprès du gouvernement ou de bailleurs de fonds potentiels, les invitant à intervenir directement sur leurs terrains. Elles ne revendiquent pas mais expliquent, décrivent les conditions de vie de leur public cible. Elles proposent des actions curatives mais n’organisent que très peu de mobilisations concrètes. Elles veulent surtout participer à l’action publique. - les coalitions d’associations s’organisent pour mener des luttes sociales sur des terrains particuliers. Cela a été le cas au Niger, en 2005, quand la Coalition équité/qualité contre la vie chère s’est vigoureusement opposée à des mesures gouvernementales dont l’application aurait eu des conséquences déplorables sur les conditions de vie des plus pauvres (Tidjani Alou 2006). En effet, à la suite de l’adoption d’une loi rectificative à la Loi de finances adoptée en octobre 2004, de nouvelles mesures fiscales ont été prises par le gouvernement nigérien qui se sont traduites par l’intégration de plusieurs produits de consommation courante (riz, lait, sucre, farine, blé, huile alimentaire), dits de première nécessité, dans le package des produits soumis à TVA qui s'élève à 19%. Ces mesures ont été étendues à la consommation d’eau et d’électricité réservée aux ménages à faible revenu (jusqu’à 15 mètres3 pour l’eau et jusqu’à 50 kilowatts/heure pour l’électricité). Ces mesures ont été vigoureusement critiquées par certaines associations engagées dans la promotion des droits humains et par les centrales syndicales, comme étant de nature à augmenter en cascade l’inflation et par là même la pauvreté des populations les plus démunies. Officiellement, ces ressources visent à augmenter les moyens financiers de l’Etat et à permettre au Niger de se conformer aux critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Mais elles ont été perçues comme injustes : « ce sont toujours les pauvres qui paient ». Un front social s’est constitué qui rassemble les organisations de la société civile dans toutes leurs composantes, pour contraindre le gouvernement à abroger ces mesures fiscales. Par la même occasion, la coalition invitait le gouvernement à diminuer son train de vie, jugé dispendieux. Dans ce cadre, un certain nombre d’associations ont décidé au début de l’année 2005 de créer la Coalition équité/qualité contre la vie chère. Les premiers mouvements de protestation étaient conduits sous la houlette d’associations dont le leadership était assuré par l’Association des Consommateurs du Niger (ORCONI), l’association SOS Kandadji et le Comité de réflexion et d’orientation indépendant pour la sauvegarde des acquis démocratiques (CROISADE) auquel il convient d’ajouter la Coordination démocratique de la société civile nigérienne (CDSCN), qui fédère également un groupe d’associations. La mise en place de la Coalition équité/qualité contre la vie chère marque le point de départ d’une série de protestations directement orientées contre les mesures gouvernementales contenues dans la Loi de finance rectificative. Les actions conduites dans le cadre de ce vaste mouvement vont amener, après de longues négociations, le gouvernement nigérien à revenir sur ses décisions mais n'a pas, loin s'en faut, contribué à atténuer la cherté de la vie. »
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Le Ceriscope est une publication scientifique du Centre de recherches internationales (CERI) réalisée en partenariat avec l'Atelier de cartographie de Sciences Po L'enjeu mondialReligion et politique La collection Ceriscopes s’est achevée. Retrouvez-nous sur le site de L’Enjeu mondial, la nouvelle publication annuelle du CERI. Mots-clés du CERISCOPE PauvretéCERISCOPESceriscope
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