Pouvoir politique versus puissance des marchés : deux mondes parallèles ?

Par Jérôme Sgard
Comment citer cet article
Jérôme Sgard, "Pouvoir politique versus puissance des marchés : deux mondes parallèles ?", CERISCOPE Puissance, 2013, [en ligne], consulté le 10/10/2024, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/puissance/content/part1/pouvoir-politique-vs-puissance-des-marches

Tel est la proposition principale qui ressort de cette discussion : optionnelle et contestable sur la scène internationale, l’action souveraine, dans son acception classique, reste impérative au plan local. Elle fonde toujours le pacte constitutionnel avec les citoyens, et donc leur adhésion à l’ordre politique. Et contrairement à la situation observée avant 1914, c’est à cette aune que les gouvernements et les Etats se mesurent les uns les autres. Plutôt que de se menacer, la plupart d’entre eux se comparent avant tout à leur capacité à gouverner et à guider malgré tout leur société, en dépit des contraintes aiguës que leur impose l’économie globale.

Bien sûr les acteurs et les observateurs internationaux (politiques, financiers, économiques) continuent de mesurer les masses (démographiques, territoriales, industrielles, militaires) ; mais ils jugent surtout la capacité à préserver une capacité d’action publique et à la mettre au service de la protection et de la prospérité de la société. Les pays et les gouvernements les plus respectés sont aujourd’hui ceux qui gouvernent leur économie dans la globalisation, cela avec discernement, efficacité et aussi avec courage. En ce sens, il y a bien une concurrence entre eux et ainsi le constat manifeste, quotidien, largement discuté, de capacités politiques colossalement inégales. Sur le fond, c’est bien la croissance et la capacité à innover et s’adapter qui sont la métrique principale à l’aune de laquelle les pouvoirs publics se comparent. La puissance quant à elle vient loin derrière, et c’est sans doute un progrès.